Nombreux sont ceux qui associent le pacemaker à une protection absolue contre les incidents cardiaques. Pourtant, en dépit de sa fonction vitale, cet appareil ne supprime pas les risques inhérents aux pathologies coronariennes. En 2025, plus de 60 000 Français reçoivent annuellement ce dispositif, conçus principalement pour régulariser les troubles du rythme cardiaque, notamment les bradycardies. Il est donc essentiel de comprendre comment fonctionne un pacemaker, quelles sont ses limites, et si la survenue d’une crise cardiaque demeure possible malgré sa présence.
Le pacemaker : rôle, fonctionnement et indications principales
Le pacemaker, aussi appelé stimulateur cardiaque, est un dispositif électronique implanté sous la peau, souvent sous la clavicule, pour surveiller et réguler le rythme cardiaque. Son rôle principal est d’envoyer une impulsion électrique à intervalles précis lorsque le cœur bat trop lentement ou de manière irrégulière, évitant ainsi des symptômes comme la fatigue, les vertiges, les essoufflements, voire la syncope.
Pour une grande majorité de patients, notamment ceux souffrant de bradycardie (fréquence cardiaque inférieure à 60 battements par minute), cette intervention améliore nettement la qualité de vie. Le cardiologue rythmologue décide de l’implantation sur la base d’examens approfondis.
Le fonctionnement du pacemaker repose sur trois composants principaux :
- Le boîtier électronique en titane, compact et léger, contenant une batterie lithium et un circuit intégré, garantissant une autonomie moyenne de 10 à 15 ans selon les modèles (Medtronic, Boston Scientific, Biotronik entre autres proposent ces avancées technologiques).
- Les sondes ou électrodes qui, insérées via une veine du bras, sont positionnées précisément dans les cavités cardiaques (ventricule droit, oreillette droite) pour délivrer l’impulsion électrique.
- Le logiciel interne, qui adapte la stimulation selon les besoins physiologiques, notamment en cas d’effort.
Dernièrement, les fabricants comme Abbott ou Sorin Group ont innové avec des modèles miniaturisés sans sondes, tels que les pacemakers Micra, qui viennent faciliter l’implantation et réduire les risques d’infection.
Il convient de souligner que le pacemaker est souvent confondu avec le défibrillateur automatique implantable (DAI). Tandis que le pacemaker corrige les ralentissements du rythme, le DAI intervient lors d’accélérations cardiaques dangereuses, parfois responsables d’arrêt cardiaque. Ces dispositifs peuvent être combinés pour certains patients souffrant d’insuffisance cardiaque sévère.
Enfin, le suivi postopératoire est indispensable, avec des contrôles réguliers auprès du cardiologue pour vérifier le bon fonctionnement et le réglage du pacemaker.
La pose se déroule sous anesthésie locale en une heure environ, avec un séjour hospitalier court, et les risques majeurs sont désormais faibles grâce à l’évolution technique continue portée par des leaders tels que Philips ou Osypka AG.

Pourquoi un pacemaker ne protège pas contre les crises cardiaques et quelle est la différence entre infarctus et trouble du rythme ?
Le pacemaker agit comme une sentinelle électrique pour le cœur, stimulant ses contractions quand elles sont trop lentes ou absentes. Cependant, il ne traite en aucun cas les causes vasculaires d’une crise cardiaque. La crise cardiaque, ou infarctus du myocarde, est due à une obstruction partielle ou totale d’une artère coronaire par un caillot ou une plaque d’athérome, ce qui prive une région du muscle cardiaque d’oxygène. Cela provoque la mort locale des cellules musculaires et des conséquences potentiellement fatales.
Une intervention par stenting, anticoagulants, voire chirurgie peut être nécessaire pour rétablir le flux sanguin. En revanche, le pacemaker ne peut ni prévenir ni traiter cette obstruction.
Cette distinction est cruciale :
- Le pacemaker corrige un problème électrique : il intervient lors d’une fréquence trop lente (bradycardie) ou d’un blocage de la conduction électrique cardiaque.
- La crise cardiaque est une urgence ischémique causée par une obstruction sanguine, indépendante des troubles du rythme que le pacemaker gère.
Il arrive néanmoins que des patients porteurs de pacemaker présentent une coronaropathie, notamment à cause de facteurs de risque comme l’hypertension, le diabète, le tabagisme ou l’hypercholestérolémie. D’ailleurs, certaines études rapportent qu’une grande partie des patients implantés pour bradycardie à partir de 65 ans ont aussi un profil cardiovasculaire à risque sur le long terme.
Les fabricants comme Boston Scientific ou Cordis recommandent à ces patients une prise en charge globale, incluant un suivi médical cardiovasculaire et la correction des facteurs de risque.
Exemples d’incidents cardiaques malgré un pacemaker
Un patient de 72 ans, porteur d’un pacemaker Biotronik depuis cinq ans pour un bloc auriculo-ventriculaire (BAV), s’est présenté en urgence avec des douleurs thoraciques typiques d’un infarctus. Son pacemaker fonctionnait parfaitement, mais il a développé un infarctus lié à une occlusion d’une artère coronaire. Cette situation rappelle que la présence d’un pacemaker ne diminue pas les risques d’accident vasculaire cardiaque.
Un autre cas clinique avec un patient de 68 ans, équipé d’un pacemaker Medtronic compatible IRM, souffrant d’arythmie et d’une insuffisance coronarienne modérée, illustre l’importance du contrôle régulier des facteurs de risques et de la surveillance cardiaque étroite.
Alarmes et urgences : reconnaître une crise cardiaque chez une personne porteuse d’un pacemaker
Le port d’un pacemaker ne doit pas faire baisser la vigilance face aux symptômes cardiaques évocateurs d’une crise. Ceux-ci peuvent se manifester par :
- Une douleur thoracique intense et prolongée, souvent irradiant vers le bras gauche, la mâchoire ou le dos.
- Un essoufflement inexpliqué, même au repos.
- Des nausées ou vomissements inhabituels.
- Une sudation froide et abondante.
- Une sensation de malaise, vertiges, voire perte de connaissance.
Du fait du pacemaker, le rythme cardiaque peut paraître normal ou régulé, mais cela ne signifie pas que l’apport sanguin au muscle cardiaque est assuré. C’est pourquoi, en cas de doute ou d’apparition d’un de ces symptômes, il est impératif de consulter en urgence ou d’appeler le 15.
Au niveau des premiers secours, il est essentiel de savoir que la présence d’un pacemaker ne contre-indique en aucune façon la pose d’un défibrillateur externe automatique (DAE) lors d’un arrêt cardiaque. Les services d’urgence doivent cependant éviter de placer les électrodes directement sur le boîtier du pacemaker, pour éviter tout dommage à l’appareil.
Conseils pour prévenir les risques de crise cardiaque chez les porteurs d’un pacemaker
La prévention demeure une arme majeure contre l’infarctus, même chez les patients équipés de pacemakers. Parmi les recommandations essentielles :
- Suivi cardiologique régulier pour adapter les traitements et surveiller la fonction cardiaque.
- Adoption d’un mode de vie sain : alimentation équilibrée, activité physique adaptée, arrêt du tabac.
- Contrôle des facteurs de risque : hypertension, diabète, cholestérol.
- Gestion du stress, important facteur de troubles cardiaques.
- Éviter les interférences électroniques susceptibles d’affecter le pacemaker, comme certaines plaques à induction, portiques d’aéroport ou appareils de soudure. Pour en savoir plus, consultez le guide complet des interdictions avec un pacemaker.
Le style de vie et les activités quotidiennes avec un pacemaker : que peut-on vraiment faire ?
Contrairement aux idées reçues, le port d’un pacemaker n’impose pas une vie restreinte. Une fois la phase initiale de convalescence passée (environ un mois pour permettre une bonne cicatrisation et fixer les sondes), les patients peuvent généralement reprendre de nombreuses activités en toute sécurité.
Voici ce qu’il est conseillé et autorisé :
- Activités physiques : natation, marche, vélo, sports modérés sont recommandés. Le crossfit ou sports intenses demandent un avis médical spécifique.
- Conduite automobile : autorisée, sauf cas particuliers liés à des antécédents syncope ou malaises.
- Utilisation de téléphones portables : possible, mais il est suggéré de garder le téléphone à l’oreille opposée au pacemaker et éviter contact prolongé.
- Electroménagers : plaques électriques, fours à micro-ondes ne posent aucun problème, mais il est recommandé de garder une distance de sécurité avec les plaques à induction.
- Voyages et IRM : les pacemakers modernes (notamment ceux de Boston Scientific, Medtronic et Biotronik) sont compatibles IRM sous certaines conditions et protocoles de réglage spécifique. Il faut procéder à un contrôle avant et après l’examen.
Il est cependant interdit de faire de la soudure à l’arc, de passer dans des portiques d’aéroport sans précaution, ou de s’exposer à des champs magnétiques puissants.
Les précautions post-opératoires immédiates
Pour éviter tout déplacement des sondes ou hématome, il est primordial dans le premier mois :
- De ne pas lever le bras du côté opéré au-dessus de l’épaule.
- D’éviter les mouvements brusques et répétitifs.
- D’adopter une hygiène cutanée rigoureuse pour prévenir les infections.
- Ne pas exposer la zone à la chaleur excessive ou au soleil direct.
FAQ : Questions courantes sur la menace de crise cardiaque chez un patient avec pacemaker
- Peut-on mourir d’une crise cardiaque malgré un pacemaker ?
Oui, le pacemaker ne protège pas contre l’infarctus du myocarde, un arrêt est toujours possible selon la sévérité de l’atteinte coronarienne. - Un pacemaker peut-il être endommagé par un choc électrique d’un défibrillateur externe ?
Une défibrillation est compatible, mais les pales doivent être placées de manière à éviter le contact direct avec le boîtier. Un contrôle post-intervention est recommandé. - La présence d’un pacemaker limite-t-elle la pratique de sports ?
La majorité des sports est autorisée après la période de convalescence, sauf sports à risque traumatique important ou sollicitant intensément le bras concerné. - Peut-on faire des examens IRM avec un pacemaker ?
Les pacemakers modernes sont compatibles avec l’IRM, sous réserve d’un protocole spécifique. Il faut informer le cardiologue avant l’examen. - Faut-il éviter l’usage des téléphones portables avec un pacemaker ?
Il est conseillé de garder une distance de sécurité (environ 17 cm) entre le téléphone et le pacemaker, notamment pendant les appels.
Pour approfondir les restrictions à respecter et mieux comprendre les risques, voici un guide complet utile : Qu’est-ce qui est interdit avec un pacemaker ?. De même, il est important de maîtriser les liens entre rythme cardiaque et efficacité des gestes de premiers secours pour sauver des vies : Comprendre le rythme du massage cardiaque pour sauver des vies. Enfin, bien connaître les interactions entre alcool et pacemaker permet de mieux gérer les risques : Pacemaker et alcool : quels risques ?.